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à Bagdad 5,000 philosophes pour détruire jusqu’au germe des sciences dans les pays musulmans. En admettant que cet historien ait exagéré le nombre des victimes, il n’en reste pas moins établi que cette persécution a eu lieu, et c’est une tache sanglante pour l’histoire d’une religion comme pour l’histoire d’un peuple. Je pourrais trouver dans le passé de la religion chrétienne des faits analogues. Les religions, de quelque nom qu’on les désigne, se ressemblent toutes. Aucune entente ni aucune réconciliation ne sont possibles entre ces religions et la philosophie. La religion impose à l’homme sa foi et sa croyance, tandis que la philosophie l’en affranchit totalement ou en partie. Comment veut-on dès lors qu’elles s’entendent entre elles ? Lorsque la religion chrétienne, sous les formes les plus modestes et les plus séduisantes, est entrée à Athènes et à Alexandrie qui étaient, comme chacun sait, les deux principaux foyers de la science et de la philosophie, son premier soin a été, après s’être établie solidement