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eu parmi eux assez de savans et d’écrivains célèbres. Qu’arriverait-il si, remontant aux premiers temps de la domination arabe, on suivait pas à pas le premier groupe dont se forma ce peuple conquérant qui étendit sa puissance sur le monde, et si, éliminant tout ce qui est étranger à ce groupe ou à sa descendance, on ne tenait compte ni de l’influence qu’il exerça sur les esprits ni de l’impulsion qu’il donna aux sciences ? Ne serait-on-pas amené, ainsi, à ne plus reconnaître aux peuples conquérans d’autres mérites ni d’autres vertus que ceux qui découlent du fait matériel de la conquête ? Tous les peuples vaincus reprendraient ainsi leur autonomie morale et s’attribueraient toute la gloire dont aucune part ne pourrait être légitimement revendiquée par la puissance qui a fécondé et développé ces germes. Ainsi, l’Italie viendrait dire à la France que ni Mazarin ni Bonaparte ne lui ont appartenu ; l’Allemagne ou l’Angleterre réclamerait à son tour les savans qui, venus en France, ont illustré