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que Al-Kindi, parce qu’ils ne sont pas nés en Arabie même, surtout si l’on veut bien considérer que les races humaines ne se distinguant que par leurs langues, et que, si cette distinction venait à disparaître, les nations ne tarderaient pas à oublier leurs diverses origines. Les Arabes qui ont mis leurs armes au service de la religion mahométane, et qui ont été à la fois guerriers et apôtres, n’ont pas imposé leur langue aux vaincus et partout où ils se sont établis ils l’ont conservée pour eux, avec un soin jaloux. Sans doute l’islamisme en pénétrant dans les pays conquis avec la violence que l’on sait y a transplanté sa langue, ses mœurs et sa doctrine et ces pays n’ont pu dès lors se soustraire à son influence. La Perse en est un exemple ; mais peut-être qu’en remontant aux siècles qui ont précédé l’apparition de l’islamisme, trouverait-on que la langue arabe n’était pas alors tout à fait inconnue des savans persans. L’expansion de l’islamisme