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qu’ils ont usurpées par droit de conquête, ils les ont développées, étendues, éclaircies, perfectionnées, complétées et coordonnées avec un goût parfait, une précision et une exactitude rares. Du reste, les Français, les Allemands et les Anglais n’étaient pas aussi éloignés de Rome et de Byzance que les Arabes, dont la capitale était Bagdad. Il leur était donc plus facile d’exploiter les trésors scientifiques qui étaient enfouis dans ces deux grandes villes. Ils n’ont tenté aucun effort dans ce sens jusqu’au jour où la civilisation arabe vint éclairer de ses reflets les sommets des Pyrénées et verser ses lumières et ses richesses sur l’Occident. Les Européens ont fait bon accueil à Aristote, émigré et devenu arabe ; mais ils ne songeaient nullement à lui quand il était grec et leur voisin. N’y a-t-il pas là une autre preuve non moins évidente de la supériorité intellectuelle des Arabes et de leur attachement naturel à la philosophie ? Il est vrai qu’après la chute du royaume arabe en Orient comme en Occident,