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dogme dont il est l’esclave, il doit marcher éternellement dans le même sillon qui lui a été tracé d’avance par les interprètes de la loi. Convaincu, en outre, que sa religion renferme en elle toute la morale et toutes les sciences, il s’y attache résolument et ne fait aucun effort pour aller au delà. Pourquoi s’épuiserait-il en vaines tentatives ? À quoi lui servirait-il de chercher la vérité quand il croit la posséder tout entière ? Serait-il plus heureux le jour où il aurait perdu sa foi, le jour où il aurait cessé de croire que toutes les perfections sont dans la religion qu’il pratique et non dans une autre ? Dès lors, il méprise la science. Je sais tout cela ; mais je sais également que cet enfant musulman et arabe, dont M. Renan nous retrace le portrait en des termes si vigoureux et qui, à un âge plus avancé, devient « un fanatique, plein d’une sotte fierté de posséder ce qu’il croit être la vérité absolue », appartient à une race qui a marqué son passage dans le monde, non seulement par le feu et le sang, mais par des