champ un oryx. Les oryx des monumens égyptiens ne sont probablement
aussi que des produits du style raide, imposé aux
artistes de ce pays par la religion. Beaucoup de leurs profils de
quadrupèdes n’offrent qu’une jambe devant et une derrière ; pourquoi
auraient-ils montré deux cornes ? Peut-être est-il arrivé de
prendre à la chasse des individus qu’un accident avait privés d’une
corne, comme il arrive assez souvent aux chamois et aux saïgas, et
cela aura suffi pour confirmer l’erreur produite par ces images.
C’est probablement ainsi que l’on a trouvé nouvellement la licorne
dans les montagnes du Thibet.
Tous les anciens, au reste, n’ont pas non plus réduit l’oryx à
une seule corne ; Oppien lui en donne expressément plusieurs[1],
et Élien cite des oryx qui en avaient quatre[2] ; enfin si cet animal
était ruminant et à pied fourchu, il avait à coup sûr l’os du front
divisé en deux, et n’aurait pu, suivant la remarque très-juste de
Camper, porter une corne sur la suture.
Mais, dira-t-on, quel animal à deux cornes a pu donner l’idée de l’oryx, et présente les traits que l’on rapporte de sa conformation, même en faisant abstraction de l’unité de corne ? Je réponds, avec Pallas, que c’est l’antilope à cornes droites, mal à propos nommée pasan par Buffon. (Antilope oryx, Gmel.) Elle habite les déserts de l’Afrique, et doit venir jusqu’aux confins de l’Egypte ; c’est elle que les hiéroglyphes paraissent représenter ; sa forme est assez celle du cerf ; sa taille égale celle du bœuf ; son poil du dos est dirigé vers la tête ; ses cornes forment des armes terribles, aiguës comme des dards, dures comme du fer ; son poil est blanchâtre ; sa face porte des traits et des bandes noires : voilà tout ce qu’en ont dit les naturalistes ; et, pour les fables des prêtres d’Égypte qui ont motivé l’adoption de son image parmi les signes hiéroglyphiques, il n’est pas nécessaire qu’elles soient fondées en nature. Qu’on ait donc vu un oryx privé d’une corne ; qu’on l’ait pris pour un être régulier, type de toute l’espèce ;