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et d’entraves, et l’exécution de cette Loi de grâce, a porté la douleur et le désordre dans les Provinces où il existe des Protestans : c’est un objet sur lequel je me propose de réclamer, lorsque vous serez parvenu à l’article des Lois. — Cependant, Messieurs, et telle est la différence qui existe entre les Français et les Français, les Protestans sont privés de plusieurs avantages de la Société. Cette croix, prix honorable du courage et des services rendus à la Patrie, il leur est défendu de la recevoir ; car pour des Hommes d’honneur, pour des Français, c’est être bien privé du prix de l’honneur, que de l’acheter par l’hypocrisie. Enfin, Messieurs, pour comble d’humiliation et d’outrage, proscrits dans leurs pensées, coupables dans leurs opinions, ils sont privés de la liberté de professer leur culte. Les lois pénales, et quelles lois ! que celles qui sont posées sur ce principe, que l’erreur est un crime ! Les lois pénales contre leur culte, n’ont point été abolies. En plusieurs Provinces, ils sont réduits à le célébrer dans les déserts, exposés à l’intempérie des saisons, à se dérober, comme des criminels, à la tirannie de la Loi, ou plutôt à rendre votre Loi ridicule par son injustice, en l’éludant ou la violant chaque jour. — Ainsi, Messieurs, les Protestans font tout pour la Patrie, la Patrie les traite avec ingratitude, ils la servent en