Page:Discours sur la liberté des opinions religieuses (Rabaut Saint-Etienne, 1789).djvu/7

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Français également et de la même manière, tous y ont droit, ou nul ne l’a ; celui qui veut en priver les autres n’en est pas digne ; celui qui la distribue inégalement ne la connoît pas ; celui qui attaque en quoi que ce soit la liberté des autres, attaque la sienne propre, et mérite de la perdre à son tour, indigne d’un présent dont il ne connoît pas le prix. — Vos principes sont, que la liberté des opinions et de la pensée, est un droit inaliénable et imprescriptible. Cette liberté, Messieurs, est la plus sacrée de toutes ; elle échappe à l’empire des hommes, elle se réfugie au fond de la conscience, comme dans un sanctuaire ou nul mortel n’a le droit de pénétrer. Elle est la seule que les hommes n’ayent pas soumis aux lois de l’association commune. Les hommes, entrant en Société, n’ont jamais entendu faire le sacrifice de leurs opinions ; les contraindre, est une injustice ; les attaquer, est un sacrilège. Je me réserve de répondre aux argumens que l’on pourroit faire, pour dire que ce n’est point attaquer la conscience des Dissidens, que de leur défendre de professer leur culte, et j’espère de prouver que c’est une souveraine injustice, que c’est attaquer leur conscience et la violer ; que c’est être intolérant, persécuteur et injuste ; que c’est faire aux autres ce que vous ne voudriez pas qui vous fut fait —