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citoyens, contraster par leur servitude ; avec le faste imposteur d’une liberté qui ne le seroit plus, parce qu’elle seroit inégalement répartie ? Qu’auriez-vous à leur dire, s’ils vous reprochoient que vous vous efforcez de mettre leur ame dans les fers, tandis que vous vous réservez la liberté ? Et quelle seroit, je vous prie, cette aristocratie d’opinion, cette féodalité de pensée qui réduiroit à un honteux servage, deux millions de citoyens, parce qu’ils adorent votre Dieu d’une autre manière que vous ? — Je demande pour tous les non-Catholiques, ce que vous demandez pour vous, l’égalité des droits, la liberté de leur religion, la liberté de la célébrer dans des maisons consacrées à cet objet, la certitude de n’être pas plus troublés dans leur religion, que vous ne l’êtes dans la vôtre ; et l’assurance parfaite d’être protégés comme vous, autant que vous, et de la même manière que vous, par la commune loi.

Ne permettez pas, Messieurs, nation libre, ne souffrez point que l’on vous cite l’exemple de ces nations encore intolérantes, qui proscrivent votre culte chez elles. Vous n’êtes pas faits pour recevoir l’exemple, mais pour le donner ; et de ce qu’il est des peuple injustes, il ne s’ensuit pas que vous deviez l’être. L’Europe qui aspire à la liberté, attend de vous de grandes leçons, et