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défendre. Et Messieurs, dans ce partage d’erreur et de vérité que les hommes se distribuent en se le transmettant, quel est celui qui oseroit assurer qu’il ne s’est jamais trompé, que la vérité est constamment chez lui, et l’erreur constamment chez les autres ?

Je demande donc, Messieurs, pour les Protestans Français, pour tous les non-Catholiques du royaume, ce que vous demandez pour vous, la liberté, l’égalité des droits. Je le demande pour ce peuple arraché de l’Asie, toujours errant, toujours proscrit, toujours persécuté depuis près de dix-huit siècles, qui prendroit nos mœurs et nos usages, si par nos lois il étoit incorporé avec nous, et auquel nous ne devons point reprocher sa morale, parce qu’elle est le fruit de notre propre barbarie, et de l’humiliation à laquelle nous l’avons injustement condamné. Je demande, Messieurs, tout ce que vous demandez pour vous, que tous les non-Catholiques Français soient assimilés en tout, et sans réserve aucune, à tous les autres citoyens ; et que la loi et la liberté, toujours impartiales, ne distribuent point inégalement les actes rigoureux de leur exacte justice. Et qui de vous, Messieurs, permettez-moi de vous le demander, qui de vous oseroit, qui voudroit, qui mériteroit de jouir de la liberté, s’il voyoit deux millions de