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LOI SUR L'ENNSEIGNEMENT PRIMAIRE 161 attributions,dans mélange des idèes qui ne peuvent conduire qu’à la discorde, à un état social troublé et mauvais ; c’est dans la nette, claire et définitive séparation des attributions et des compétences qu’est le salut et qu’est l’avenir. (Très bien ! très bien ! à gauche.)

Nous pratiquons de notre mieux cette politique dans nos rapports avec l’Eglise ; nous avons, heureusement, avec elle un contrat ancien, respecté, clair, qui fixe les limites des deux pouvoirs. Nous vous conjurons de faire, dans le même intérêt. dans un grand intérêt d’apaisement, la séparation dans l’école ; de mettre l’État, le pouvoir laïque, la puissance séculière d’un côté, à sa place, aux choses qu’elle est propre à faire et à enseigner ; et de réserver les choses saintes, l’enseignement mystique et le dogme aux ministres du culte, qui sont seuls compétents pour donner cet enseignement. Délimitez les frontières et vous ferez la paix que nous voulons, messieurs, de la même ardeur et de la même passion que vous. (Très bien ! très bien ! et applaudissements répétés à gauche.) Le Sénat, après ce discours, prononçala clôture de la discussion sur l’article 1er, et repoussa, par 140 voix contre 122,1e premier paragraphe de l’amendement de MM. de Broglie et de Ravignan. Il adopta ensuite l’ensemble de l’article 1er. Le lendemain, la discussion s’ouvrit, sur l’article 2, par un amendement de M. Lucien Brun qui était ainsi conçu : « Sur la demande des parents, les ministres du culte ou leurs délégués pourront donner l’instruction religieuse dans les locaux scolaires, en dehors des heures de classes et en se conformant au règlement d’ordre intérieur qui sera dressé par le conseil départemental. »

Le rappor-

teur, M. Ribière, répondit au discours de M. Lucien Brun avec une extrême modération ; il demanda le rejet de l’amendement et proposa d’attribuer au conseil départemental le droit de décider dans quel local l’enseignement religieux serait donné, et celui de statuer sur les demandes de délégation présentées par les ministres du culte.

M. Jules Ferry précisa plus nettement encore les concessions que croyait pouvoir faire le Gouvernement aux revendications de la droite cléricale : ces concessions se résumaient dans la mise à la disposition de l’école aux ministres du culte non pas tous les jours et aux heures de classes, mais le dimanche et le jeudi ¹.

M. JULES FERRY, président du conseil, ministre de l’Instruction

1. Séance du Sénat du 11 juin 1881. V.l’Officiel du 12.

     J.FERRY,Discours,4