Page:Discours de Maximilien Robespierre sur la guerre.djvu/76

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(73)

de deux pouvoirs et l’ordre public, c’étoit donc ôter à la liberté sa dernière ressource, la vigilance et l’énergie de la nation. J’ai dû combattre ce systême ; je l’ai fait ; je n’ai voulu nuire à personne ; j’ai voulu servir ma patrie en réfutant une opinion dangereuse ; je l’aurois combattue de même, si elle eût été proposée par l’être qui m’est le plus cher.

Dans l’horrible situation où nous ont conduits le despotisme, la foiblesse, la légéreté et l’intrigue, je ne prends conseil que de mon cœur et de ma conscience ; je ne veux avoir d’égards que pour la vérité, de condescendance dans l’infortune, de respect que pour le peuple. Je sais que des patriotes ont blâmé la franchise avec laquelle j’ai présenté le tableau décourageant, à ce qu’ils prétendent, de notre situation. Je ne me dissimule pas la nature de ma faute. La vérité n’a-t-elle pas déjà trop de torts d’être la vérité ? comment lui pardonner, lorsqu’elle vient, sous des formes austères, en nous enlevant d’agréables erreurs, nous reprocher tacitement l’incrédulité fatale avec laquelle on l’a trop longtemps repoussée ? est-ce pour s’inquiéter et pour s’affliger qu’on embrasse la cause du patriotisme et de la liberté ? Pourvu que le sommeil soit doux et non interrompu, qu’im-