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élever la voix, ne seroient regardés que comme des séditieux ; car la sédition est tout signe d’existence qui déplaît au plus fort ; ils boiroient la cigüe, comme Socrate, ou ils expireroient sous le glaive de la tyrannie, comme Sydney, ou ils se déchireroient les entrailles, comme Caton. Ce tableau effrayant peut-il s’appliquer exactement à notre situation ? Non ; nous ne sommes pas encore arrivés à ce dernier terme de l’opprobre et du malheur où conduisent la crédulité des peuples et la perfidie des tyrans. On veut nous y mener ; nous avons déjà fait peut-être d’assez grands pas vers ce but ; mais nous en sommes encore à une assez grande distance ; la liberté triomphera, je l’espère, je n’en doute pas même ; mais c’est à condition que nous adopterons tôt ou tard, et le plus tôt possible, les principes et le caractère des hommes libres, que nous fermerons l’oreille à la voix des sirènes qui nous attire vers les écueils du despotisme, que nous ne continuerons pas de courir, comme un troupeau stupide, dans la route par laquelle on cherche à nous conduire à l’esclavage ou à la mort.

J’ai dévoilé une partie des projets de nos ennemis ; car je ne doute pas qu’ils ne recèlent encore des profondeurs que nous ne