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le trône jusqu’à la chaumière ; c’est moi qui consentis à paroître exagéré, opiniâtre, orgueilleux même, pour être juste.

Le vrai moyen de témoigner son respect pour le peuple n’est point de l’endormir en lui vantant sa force et sa liberté, c’est de le défendre, c’est de le prémunir contre ses propres défauts ; car le peuple même en a. Le peuple est là, est dans ce sens un mot très dangereux. Personne ne nous a donné une plus juste idée du peuple que Rousseau, parce que personne ne l’a plus aimé. « Le peuple veut toujours le bien, mais il ne le voit pas toujours ». Pour compléter la théorie des principes des gouvernemens, il suffiroit d’ajouter : les mandataires du peuple voient souvent le bien ; mais ils ne veulent pas toujours. Le peuple veut le bien, parce que le bien public est son intérêt, parce que les bonnes loix sont sa sauve-garde : ses mandataires ne le veulent pas toujours, parce qu’ils se forment un intérêt séparé du sien, et qu’ils veulent tourner l’autorité qu’il leur confie au profit de leur orgueil. Lisez ce que Rousseau a écrit du gouvernement représentatif, et vous jugerez si le peuple peut dormir impunément. Le peuple cependant sent plus vivement, et voit mieux tout ce