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que la tyrannie les attaque ouvertement, ils seront invincibles ; mais le courage est inutile contre l’intrigue.

Vous avez été étonné, avez-vous dit, d’entendre un défenseur du peuple calomnier et avilir le peuple. Certes, je ne m’attendois pas à un pareil reproche. D’abord apprenez que je ne suis point le défenseur du peuple ; jamais je n’ai prétendu à ce titre fastueux ; je suis du peuple, je n’ai jamais été que cela, je ne veux être que cela ; je méprise quiconque a la prétention d’être quelque chose de plus. S’il faut dire plus, j’avouerai que je n’ai jamais compris pourquoi on donnoit des noms pompeux à la fidélité constante de ceux qui n’ont point trahi sa cause ; seroit-ce un moyen de ménager une excuse à ceux qui l’abandonnent, en présentant la conduite contraire comme un effort d’héroïsme et de vertu ? Non, ce n’est rien de tout cela ; ce n’est que le résultat naturel du caractère de tout homme qui n’est point dégradé. L’amour de la justice, de l’humanité, de la liberté est une passion comme une autre ; quand elle est dominante, on lui sacrifie tout ; quand on a ouvert son ame à des passions d’une autre espèce, comme à la soif de l’or ou des honneurs, on leur immole tout, et