endorment le peuple en favorisent le succès ; et remarquez bien que pour y parvenir, il n’est pas même nécessaire de faire sérieusement la guerre ; il suffit de nous constituer sur le pied de guerre ; il suffit de nous entretenir de l’idée d’une guerre étrangère ; n’en recueillît-on d’autre avantage que les millions qu’on se fait compter d’avance, on n’auroit pas tout-à-fait perdu sa peine. Ces 20 millions, sur-tout dans le moment où nous sommes, ont au moins autant de valeur que les adresses patriotiques où l’on prêche au peuple la confiance et la guerre.
Je décourage la nation, dites vous ; non, je l’éclaire ; éclairer des hommes libres, c’est réveiller leur courage, c’est empêcher que leur courage même ne devienne l’écueil de leur liberté ; et n’eussé-je fait autre chose que de dévoiler tant de pièges, que de réfuter tant de fausses idées et de mauvais principes, que d’arrêter les élans d’un enthousiasme dangereux, j’aurois avancé l’esprit public et servi la patrie.
Vous avez dit encore que j’avois outragé les Français en doutant de leur courage et de leur amour pour la liberté. Non, ce n’est point le courage des Français dont je me défie, c’est la perfidie de leurs ennemis que je crains ;