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prête une attention moins sérieuse aux sourdes manœuvres des intrigans qui les minent, du pouvoir exécutif qui les ébranle, à la foiblesse ou à la corruption des représentans qui ne les défendent pas. Cette politique fut connue de tout temps, et quoi qu’en ait dit M. Brissot, il est applicable et frappant l’exemple des aristocrates de Rome que j’ai cité ; quand le peuple réclamoit ses droits contre les usurpations du sénat et des patriciens, le sénat déclaroit la guerre, et le peuple, oubliant ses droits et ses outrages, ne s’occupoit que de la guerre, laissoit au sénat son empire, et préparoit de nouveaux triomphes aux patriciens. La guerre est bonne pour les officiers militaires, pour les ambitieux, pour les agioteurs qui spéculent sur ces sortes d’événémens ; elle est bonne pour les ministres, dont elle couvre les opérations d’un voile plus épais et presque sacré ; elle est bonne pour la cour, elle est bonne pour le pouvoir exécutif dont elle augmente l’autorité, la popularité, l’ascendant ; elle est bonne pour la coalition des nobles, des intrigans, des modérés, qui gouvernent la France. Cette faction peut placer ses héros et ses membres à la tête de l’armée ; la cour peut confier les forces de l’état aux hommes