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de la confusion générale sortiront enfin l’ordre et la liberté. Ils commettent la plus funeste des erreurs, parce qu’ils ne discernent pas les circonstances, et confondent des idées absolument distinctes. Il est dans les révolutions des mouvemens contraires et des mouvemens favorables à la liberté, comme il est dans les maladies des crises salutaires et des crises mortelles.

Les mouvemens favorables sont ceux qui sont dirigés directement contre les tyrans, comme l’insurrection des Américains, ou comme celle du 14 juillet ; mais la guerre au-dehors, provoquée, dirigée par le gouvernement dans les circonstances où nous sommes, est un mouvement à contre-sens, c’est une crise qui peut conduire à la mort du corps politique. Une telle guerre ne peut que donner le change à l’opinion publique, faire diversion aux justes inquiétudes de la nation, et prévenir la crise favorable que les attentats des ennemis de la liberté auroient pu amener. C’est sous ce rapport que j’ai d’abord développé les inconvénients de la guerre. Pendant la guerre étrangère le peuple, comme je l’ai déjà dit, distrait, par les événemens militaires, des délibérations politiques qui intéressent les bases essentielles de sa liberté,