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d’hui ; je dis que cela n’est pas du moins prouvé, et que, dans le doute, il ne faut pas hasarder notre liberté ; je dis que, dans tous les temps, pour exécuter une telle entreprise avec succès, il faudroit le vouloir, et que le gouvernement qui en seroit chargé, que ses principaux agens ne le veulent pas, et qu’ils l’ont hautement déclaré.

Enfin, voulez-vous un contre-poison sûr à toutes les illusions que l’on vous présente ? Réfléchissez seulement sur la marche naturelle des révolutions. Dans des états constitués, comme presque tous les pays de l’Europe, il y a trois puissances ; le monarque, les aristocrates et le peuple, ou plutôt le peuple est nul. S’il arrive une révolution dans ces pays, elle ne peut être que graduelle ; elle commence par les nobles, par le clergé, par les riches, et le peuple les soutient lorsque son intérêt s’accorde avec le leur pour résister à la puissance dominante, qui est celle du monarque. C’est ainsi que parmi vous ce sont les parlemens, les nobles, le clergé, les riches, qui ont donné le branle à la révolution ; ensuite le peuple a paru. Il s’en sont repentis, ou du moins ils ont voulu arrêter la révolution, lorsqu’ils ont vu que le peuple pouvoit recouvrer sa souveraineté ; mais ce sont eux