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dat dans ce département, ce que j’espère, ce que je désirerais accomplir.

(Ici l’orateur est interrompu par les applaudissements ; il reprend :)

N’applaudissez pas, Messieurs ! L’heure est beaucoup trop solennelle pour que nous ayons, les uns et les autres, d’autres paroles que celles de l’estime et de la confiance réciproques. (Très-bien !)

La situation actuelle de la France, quand on l’examine de très-près, quand on est animé, pour cet examen, de la passion de la justice et de la vérité, c’est-à-dire que l’on a, pour se garantir des illusions du cœur, les règles de la raison, est bien faite pour nous inspirer les plus profondes tristesses, mais nous invite aux mesures les plus viriles et nous interdit le découragement ; étudions-la, et nous arriverons à cette conclusion que si le parti républicain veut, il peut, et que s’il sait, il parviendra à régénérer ce pays et à y fonder un gouvernement libre, à l’abri des surprises, des réactions et des défaillances.

C’est cette démonstration qu’il est utile de faire aujourd’hui, et qu’il importe surtout de faire en face des compétitions des partis monarchiques, non-seulement pour amener le triomphe des principes auxquels nous sommes attachés, mais surtout il ne faut pas cesser une minute de le répéter pour donner à la France son salut.

À l’heure où nous sommes, que voit-on dans le pays ? On voit les hommes qui, dans tous les temps, ont médit de la démocratie, qui l’ont eue en haine ou par ignorance ou par intérêt personnel, exploiter à leur profit la crédulité et la panique, défigurer systématiquement les hommes et les choses, et s’efforcer d’attribuer les excès des derniers mois à la République, à laquelle ils doivent cependant de n’avoir pas été emportés.

Et je trouve qu’il y a entre la situation actuelle et la situa-