En voyant accomplir cette double réforme : élever et armer la nation, je prendrai patience de ne pas voir légiférer sur d’importantes questions qui peuvent attendre, qui ne sont que des questions latérales, subordonnées à la réalisation de ces premières et capitales nécessités.
Il s’agit de refaire le sang, les os, la moelle de la France, entendez-le bien. Il faut tout donner, le temps et l’argent, à cet intérêt suprême. Le peuple, soyez-en sûrs, ne marchandera pas les millions pour l’éducation de ceux qui souffrent et qui ignorent ; il les marchanderait pour ceux dont les desseins ne tendent jamais qu’aux restaurations monarchiques, aux dépenses fastueuses et à l’écrasement du pays ; et, en passant, voilà, messieurs, une des raisons qui démontrent qu’il n’est plus possible de relever la monarchie parmi nous : nous ne sommes plus assez riches pour la payer. (Très-vifs applaudissements.)
En conséquence, nous aurions résolu, par là, le plus vital de tous les problèmes, que je résume ainsi : égaliser les classes, dissiper le prétendu antagonisme entre les villes et les campagnes, supprimer le parasitisme, et, par la diffusion de la science pour tous, rendre au pays sa vigueur morale et politique.
Et ainsi vous mettriez à une double caisse d’assurances : l’une, contre les crimes de droit commun, par l’élévation du niveau de la moralité ; l’autre, contre les risques de révolution, en donnant satisfaction et sécurité aux droits acquis des uns, aux aspirations légitimes des autres. (Applaudissements.)
Tel est le programme à la fois radical et conservateur que la République seule peut accomplir. Et alors, dans le monde entier, les amis de la France pourront se rassurer : elle sortira