tuts ; je demande que ceux qui la détiennent la prodiguent à ceux qui en ont besoin ; je veux que la science descende sur la place publique, qu’elle soit donnée dans les plus humbles écoles.
Oui, faisons appel aux savants ; qu’ils prennent l’initiative : c’est eux qui doivent hâter le plus puissamment notre restauration morale et nationale. Mais si nous voulons que la régénération soit rapide, il faut ne plus se défier des intelligences à peine éveillées ; il faut ne point craindre de distribuer dans les colléges et dans les écoles toute la vérité. Il faut résolûment savoir et résolûment pratiquer que ce sont les vérités supérieures de la science et de la raison qui saisissent le mieux les jeunes intelligences ; et c’est pour cela qu’un des grands penseurs de ce siècle, Auguste Comte, faisait commencer l’instruction par les sciences exactes. Il a été fait des expériences nombreuses à cet égard, qui ont donné toujours le même résultat, à savoir que les intelligences les plus jeunes ont toujours le mieux recueilli les enseignements même les plus élevés qui s’offraient à elle : elles n’étaient pas encore faussées par des habitudes de paresse ou d’erreur !
Mais vous comprenez que ce n’est pas ici que nous allons discuter un programme d’éducation. J’ai dit ce que je tenais surtout à dire devant vous, parce que ces questions nous ont un instant arraché aux difficultés et aux amertumes de la situation présente. Je voulais vous entretenir de l’avenir. J’ai la conviction que le parti démocratique, ayant la sagesse et la résolution de ne pas demander autre chose, mais de l’exiger infatigablement, arriverait bientôt à montrer au paysan, qui le considère comme hostile, qu’il est son plus sincère ami ; oui, nous arriverions vite à lui faire comprendre et retenir que nous avons conscience de nos devoirs envers lui. Nous sommes des frères aînés, et nous serions des frères ingrats si nous quittions la vie sans avoir assuré son émancipation matérielle et morale. (Vifs applaudissements.)