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trente-sept mille quatre cent douze milles carrés[1], a été tout à coup violemment ébranlé, comme pour vérifier ce refrain d’une mélodie indienne (Indian air) de Thomas Moore :

All that’s bright must fade,
The brightest still the fleetest.

On a accusé le gouvernement anglais de l’Inde d’avoir donné lieu à l’insurrection en favorisant le prosélytisme des missionnaires. C’est une erreur, car les Anglais fervents se sont toujours plaints non-seulement de l’indifférence de l’administration de l’Inde pour leurs efforts, mais des entraves qu’il y met ; et on a pu lire dans les journaux que les sipahis qui se faisaient chrétiens étaient renvoyés du service, afin, sans doute, que les natifs ne pussent croire au désir qu’aurait eu le gouvernement de leur faire changer de religion. Bien plus, les chrétiens zélés ont souvent accusé la compagnie de l’Inde d’avoir pactisé avec la superstition en tolérant et en protégeant même les coutumes païennes les plus déplorables et en ne distinguant pas des Hindous idolâtres les musulmans essentiellement monothéistes. Dans tous les cas, les missionnaires protestants n’étaient pas plus favorisés que les missionnaires catholiques. Le gouvernement anglais laissait à ces derniers toute liberté. Il donnait un traitement à des chapelains catholiques dans ses stations militaires, et souffrait trois couvents[2] de femmes au cœur même des possessions anglaises. De plus, les catholiques, d’ailleurs beaucoup plus nombreux dans l’Inde que les protestants, ont deux évêques ou vicaires apostoliques pour la présidence du Bengale et deux pour la présidence de Bombay ; d’autres à Madras, à Haïderabad, à Visigapatam, à Maïssour, à Coïmbator, à Sirdhana, à Agra, à Patna, à Verapoli (Virapelly), à Canara ou Mangalore, à Quilon et à Maduré ; en tout, seize évêchés ou vicariats apostoliques[3], tandis que les anglicans n’ont que trois évêchés dans l’Inde : ceux de Calcutta, de Madras et de Bombay. Il est à la vérité question d’établir un évêché à Delhi et de convertir en cathédrale la vieille

  1. Selon le colonel Sykes cité par le Times.
  2. À Agra, à Sirdhana et à Sealkote.
  3. Je ne parle ici ni de l’archevêché de Goa ni du vicariat apostolique de Pondichéry, attendu que ces villes appartiennent l’une au Portugal et l’autre à la France. Voyez Notizie per l’anno 1856, Roma, tipografia della Rev. Cam. apostolica.