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ticles sur la littérature persane qui parurent il y a une vingtaine d’années dans l’Athenœum, une traduction persane du « livre d’Isaïe », et une « Histoire de Rome » écrite aussi en persan pour le roi de Perse son élève. En Europe, M. N. Newton, orientaliste distingué, surtout en hindoustani, associé littéraire du célèbre éditeur d’Hertford, Stephen Austin, est décédé au mois d’avril à la fleur de l’âge ; et, au mois de mai, M, le capitaine Adam Gordon, qui a enseigné avec un grand succès, au célèbre collège de Cheltenham pendant de longues années l’hindoustani, dont il avait acquis la connaissance dans l’Inde, a été enlevé subitement à la science, à sa famille et à ses amis.

Enfin, à Paris, le 18 septembre, la mort est venue frapper dans sa chambre à coucher, au moment de son lever, et lorsqu’il était en pleine santé, M. Quatremère, un des orientalistes les plus éminents et l’homme peut-être le plus érudit de notre temps. Ce savant illustre, qui a enseigné ici pendant vingt-cinq ans la langue persane, a consacré sa vie entière à l’étude. Il a toujours vécu éloigné du monde et il a conservé jusqu’à son dernier jour une simplicité de mœurs antiques, qui ne manquait ni de noblesse ni de grâce. Né en 1782, il se fît connaître dès l’âge de vingt-six ans par un ouvrage remarquable sur la langue et la littérature de l’Égypte. Admis à trente-trois ans à l’Académie des inscriptions, et nommé dix ans plus tard à la chaire d’hébreu du collège de France, ses occupations consistèrent depuis cette époque à donner régulièrement ses leçons et à assister assidûment aux séances de l’Académie, auxquelles il prenait une part active, soit dans les délibérations, soit dans les discussions littéraires. Il y remplit même pendant assez longtemps, en remplacement du baron Dacier, les fonctions de secrétaire. Le reste de son temps était employé à ses travaux particuliers, desquels il n’était pas détourné par des soins de famille, car il était resté garçon. Ce fut ainsi qu’il put donner tour à tour ses Mémoires historiques et géographiques sur l’Égypte, son Mémoire sur les Nabathéens, un de ses travaux qui ont été le plus appréciés, sa traduction de l’Histoire des Sultans Mamlouks, de Makrizi, le texte et la traduction de l’Histoire des Mogols de Perse, de Rachiduddin, les Prolégomènes historiques d’Ibn Khaldoun, qui occupent plusieurs volumes des « Notices des manuscrits », publiées par l’Académie des inscriptions ; les nombreux articles dont il a enrichi le Journal des Savants et d’autres recueils. Pendant tout ce temps, il n’a cessé de travailler à cinq dictionnaires, dont il a laissé tous