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excès : « La nature, écrit-il textuellement, a coiffé les nègres insouciants et sans industrie, d’une chevelure plus crépue qu’un tissu de laine, pour abriter leurs têtes des ardeurs du soleil. Le melon, dit-il encore, a été divisé en tranches par la Nature, afin d’être mangé en famille ; la citrouille, étant plus grosse, peut être mangée avec les voisins. Les puces se jettent, partout où elles sont, sur les couleurs blanches ; cet instinct leur a été donné afin que puissions les attraper commodément ».

Laissons Bernardin à toutes ces merveilles et demandons encore à l’astrophysicien quelques nombres. Les dimensions de certaines étoiles sont fantastiques : l’étoile géante de Plaskett est double ; chacun de ses constituants a un diamètre égal à près de vingt fois celui de notre soleil ; on ne peut dire qu’elle soit précisément notre voisine : la lumière qu’elle émet ne nous parvient qu’au bout de dix mille ans. Nous n’avons donc que des renseignements correspondant à un lointain passé, depuis cent siècles écoulé.

À côté de ces géantes, les naines et les ultra-naines, tel ce fameux « compagnon » dont l’alliance avec Sirius évoque, a dit Paul Couderc, l’image d’un gros ballon marié avec un grain de plomb. Mais ce pygmée compense l’exiguïté de sa taille par une densité vraiment impressionnante : il est soixante mille fois plus dense que l’eau ; un dé à jouer, taillé dans sa matière, péserait soixante kilogrammes.

Arrêtons là ce rapide voyage dans ces lointains espaces ; peut-être serez-vous tentés de me poser cette question : « Au fond, à quoi tout cela sert-il ? » Dans un siècle utilitaire comme le nêitre, on demande à toute science d’être avant tout riche en applications pratiques. La détermination précise de l’heure, la prévision de l’intensité des marées et surtout l’art de la navigation comptent parmi les plus belles conquêtes utilitaires des observatoires astronomiques. Les variations de l’activité solaire, l’apparition de tâches ou de filaments à la surface de l’astre, entraînent des changements de climats qu’il est possible de prévoir et qui exercent une influence sur la végétation.

Ces effets indéniables semblent bien prosaïques pour une âme avide de merveilleux. À côté de l’astronomie scientifique s’est installée l’astrologie qui prétend tirer de la position des astres des conséquences humaines. Déjà Cicéron dissertait avec humour sur