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Vénus et pour Mars. Jeans, l’un des astronomes modernes les plus réputés, est inquiet sur le sort de nos descendants : la Terre se refroidissant peu à peu, deviendra un jour inhabitable. Comment nos arrière-petits-neveux se tireront-ils d’affaire ? S’adapteront-ils au froid ? Ou bien sera-ce alors la fin de l’humanité ? Jeans envisage sérieusement une solution plus élégante : le déménagement de l’humanité sur Vénus puis sur Mercure : à supposer que le problème de l’avion interplanétaire soit alors résolu, quelles diffi­cultés considérables attendent nos descendants. Si Vénus est habitée, quel accueil en réserveront les indigènes aux Terriens exilés volontaires ? Se laisseront-ils toucher par l’argument « d’espace vital » que nos émigrés seront en droit d’opposer à une fin probable de non-recevoir ? Ou bien ces derniers seront-ils obligés de conquérir l’arme à la main cet espace vital ? Jeans ajoute d’ailleurs pour nous rassurer que le problème n’est pas urgent et que les prévisions les moins optimistes situent cette nouvelle crise aux environs d’une époque éloignée de nous d’au moins dix milliards de siècles. Nous ne doutons pas que d’ici là le génie humain aura trouvé une solution satisfaisante propre à restituer à notre planète les quelques degrès qui lui suffiraient pour maintenir la vie à sa surface.

Il est une autre catégorie de corps gravitant autour du soleil et que l’on ne peut confondre ni avec les planètes, ni avec les autres astres. Ce sont les comètes, ces astres chevelus. Leurs formes étranges, la rareté de leurs manifestations, ont de tout temps frappé l’imagination des peuples. Dans l’antiquité leur apparition était considérée comme le présage d’événements sinistres et frappait les hommes d’une terreur superstitieuse. Nos contemporains eux-mêmes n’ont pas toujours été exempts de préoccupations analogues. Il me souvient fort bien des craintes qu’à suscitées la rencontre prévue par les astronomes de la comète de 1911 avec l’orbite terrestre. Une publicité fort bien menée avait convié l’humanité à fêter dignement et joyeusement sa fin. Le grand soir arrivé, une foule innombrable répondit à cette invitation : combien les affaires des organisateurs de ces succulents banquets prospérèrent en cette mémorable soirée ; la comète passa, sa queue heurta peut-être le globe terrestre, mais sauf les astronomes que la nature avait conviés à un magnifique spectacle, nul ne comprit que le choc tant redouté