Page:Discorso filosofico-politico sopra la carcere de' debitori.djvu/58

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pere & les enfans ; qu’on conduise un de ces créanciers inhumains à un pareil spectacle, & qu’il voie, s’il le peut, d’un œil sec une pauvre famille à la quelle il ôte le nécessaire pour avoir lui-même le superflu. On pourroit faire ici le tableau touchant d’un malheureux qui n’a qu’un morceau de pain pour soutenir sa vie, & un homme à ses côtés qui, regorgeant de richesses, le lui arrache de la main ; tout le monde crieroit à l’inhumain, au barbare ; mais comme les originaux font des impressions plus vives que les copie, & que les exemples réels de cette misére & de cette inhumanité ne sont pas rares, je m’abstiendrai de peindre ce qu’on peut voir à chaque pas.

Tous les hommes sont naturellement portés à la compassion, parce que la nature les a doués de sensibi-