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connaître les mêmes qualités dans le reste de son ouvrage ? N'est-il pas facile, au contraire, d'y signaler des faits erronés, des anachronismes, une partialité révoltante contre Cicéron et contre Sénèque, des harangues dont la source n'est pas authentique, et qu'auraient pu remplacer des détails bien autrement instructifs ? enfin, une crédulité qui admet sans discussion les songes et les prodiges les plus étranges ?

Chacune de ces assertions mérite une réponse[1].

Oui, dans cette partie de l'ouvrage de Dion il y a des erreurs : loin de les dissimuler, j'aurai soin de les mettre en lumière, à mesure qu'elles se présenteront dans le cours de mon travail. Mais sont-elles assez nombreuses et surtout assez graves pour décréditer notre historien ? Doivent-elles lui être imputées toutes, et ne faut-il pas en attribuer quelques-unes à l'état de la science historique dans le temps où il vivait ?

Je l'ai dit : le plan de Dion était trop vaste. Au milieu de tant de faits, si diversement racontés, sa mémoire et son jugement ont failli quelquefois. Mais quand on met en balance, d'un côté

  1. Il sera bon de lire, à ce sujet les deux paragraphes de Reimar, §21, Naevi Historiae Dionis, et § 22, Dio in nonnullis defendendus et excusandus, I. I. p. 547-553. Cf. mes Prolégomènes de Nic. Carmin. Falconi, I. I. chap. VI et VII, et l’ingénieuse dissertation de M. E. Egger, dans l’examen critique des Historiens d’Auguste, ch. VIII