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qu’il resta toute une nuit immobile dans le même lieu. Il remporta dans cette expédition le prix de la valeur et le céda à Alcibiade, dont la beauté l’avait séduit, suivant Aristippe, au quatrième livre de la Sensualité antique. Ion de Chio dit que dans sa jeunesse il fit un voyage à Samos avec Archélaüs ; Aristote affirme aussi qu’il alla à Delphes, et Phavorinus dit, au premier livre des Commentaires, qu’il visita l’isthme de Corinthe.

Socrate avait des sentiments fermes et républicains : il en fit preuve lorsqu’il refusa à Critias et à ses collègues de leur amener Léonte de Salamine, homme fort riche, qu’ils voulaient mettre à mort ; il fut aussi le seul à voter pour l’acquittement dans l’affaire des dix généraux. Lui-même, il refusa de s’échapper de prison, quoiqu’on lui en offrît les moyens. Comme ses amis pleuraient sur lui, il les reprit sévèrement et leur adressa, au milieu des fers, ces admirables discours que l’on connaît. Sa frugalité égalait la simplicité de ses mœurs : Pamphila raconte, au septième livre des Commentaires, qu’Alcibiade lui ayant donné un vaste terrain pour y bâtir une maison, il refusa en disant : « Si j’avais besoin de sandales et que tu me donnasses du cuir pour les faire moi-même, ne serait-il pas ridicule à moi de le prendre ? » Souvent il se disait à lui-même, en examinant la multitude des objets mis en vente sur le marché : « Que de choses dont je n’ai pas besoin ! » Il avait continuellement à la bouche ces vers :

L’argent et la pourpre sont utiles pour le théâtre, mais inutiles à la vie[1].

Il repoussa tour à tour les avances d’Archélaüs de

  1. Vers de Philémon, cités par Stobée, LIV.