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boutiques et au milieu de la place publique. Il disait qu’il ne cherchait qu’une seule chose :

En quoi consistent le bien et le mal dans la vie privée[1].

Sa vivacité dans la discussion lui faisait fréquemment de mauvaises affaires : on le frappait, on lui arrachait les cheveux, le plus souvent on se moquait de lui. Il supportait tout cela avec un calme imperturbable ; au point qu’ayant reçu un coup de pied il resta impassible ; quelqu’un s’en étonnant, il lui dit : « Si un âne m’avait donné un coup de pied, irais-je lui faire un procès ? » Tel est du moins le récit de Démétrius.

Il n’eut pas besoin de voyager comme la plupart des philosophes. À part les expéditions dont il fit partie, il resta toujours dans le même lieu, discutant sans relâche avec ses amis, et cherchant moins à combattre leur opinion qu’à découvrir en commun la vérité. On rapporte qu’Euripide lui donna à lire l’ouvrage d’Héraclite et lui demanda son opinion : « Ce que j’en ai compris, dit-il, est fort beau ; il en est de même du reste, je le suppose ; mais pour l’entendre il faudrait un plongeur de Délos. »

Il se livrait aux exercices du corps et avait une constitution vigoureuse. Il fit partie de l’expédition d’Amphipolis. Au combat de Délium, Xénophon étant tombé de cheval il l’emporta sur ses épaules et, quoique autour de lui tous les Athéniens eussent pris la fuite, il se retira lentement, regardant tranquillement derrière lui, pour faire face à ceux qui auraient voulu le surprendre. Il servit aussi dans l’armée envoyée par mer à Potidée, l’ennemi ayant interrompu les communications par terre. On dit que ce fut alors

  1. Vers d’Homère, Odyss., l, 392.