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chez lui et trouve des gens qui lui demandent qui il est. Enfin il rencontre son plus jeune frère, déjà vieux, et apprend de lui toute la vérité.

Sa réputation se répandit parmi les Grecs et il fut regardé comme particulièrement favorisé des dieux ; si bien que les Athéniens, affligés de la peste, ayant reçu de l’oracle de Delphes l’ordre de purifier leur ville, envoyèrent un vaisseau en Crète, sous la conduite de Nicias, fils de Nicératus, pour en ramener Épiménide. Il s’embarqua dans la quarante-sixième olympiade, purifia la ville et fit cesser le fléau. Voici de quelle manière il s’y prit : Il choisit des brebis blanches et des brebis noires qu’il conduisit à l’Aréopage ; de là il les laissa aller à leur gré, en ordonnant à ceux qui les suivaient de les sacrifier aux divinités des lieux où elles s’arrêteraient. Ainsi cessa la peste. Aujourd’hui encore on rencontre, dans les différents dèmes de l’Attique, des autels sans nom élevés en mémoire de cette expiation. Il y en a qui prétendent qu’il attribua le fléau au meurtre de Cylon[1] et enjoignit d’expier cette souillure ; que sur cet ordre deux jeunes gens, Cratinus et Ctésibius, furent mis à mort, et que la maladie cessa aussitôt. Les Athéniens lui firent présent d’un talent et lui donnèrent le vaisseau qui devait le reconduire en Crète. Mais il ne voulut accepter aucun argent et les pria seulement d’accorder aux habitants de Gnosse leur amitié et leur alliance.

Phlégon dit, dans le traité de la Longévité, qu’il mourut peu de temps après son retour dans sa patrie, à l’âge de cent cinquante-sept ans. Les Crétois prétendent, de leur côté, qu’il mourut dans sa deux cent quatre-vingt-dix-neuvième année ; mais Xénophane

  1. Arraché à l’autel des Euménides.