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des Histoires, qu’il était uni par les liens de l’hospitalité avec Thrasybule, tyran de Milet. Suivant Aristippe, au premier livre de la Sensualité antique, sa mère Cratée, éprise pour lui d’une violente passion, venait, de son consentement, le trouver secrètement ; mais ce commerce ayant été découvert, le dépit qu’il en ressentit le rendit cruel envers tout le monde. Éphorus rapporte aussi qu’il avait fait vœu, s’il était vainqueur dans la course des chars, à Olympie, de consacrer une statue d’or ; qu’il fut vainqueur en effet, mais que, manquant d’or, il profita d’une fête publique pour dépouiller toutes les femmes de leurs bijoux et put ainsi accomplir son vœu. On prétend encore que, ne voulant pas qu’on connût l’emplacement de son tombeau, il imagina cet expédient : Il donna ordre à deux jeunes gens de se rendre ; la nuit, sur un chemin qu’il leur indiqua, d’y tuer la première personne qu’ils rencontreraient et de l’enterrer ensuite ; puis il ordonna à quatre autres de tuer et d’enterrer les deux premiers. Enfin il pourvut à ce que ceux-là fussent tués eux-mêmes par d’autres en plus grand nombre. Ces mesures prises, il se présenta aux premiers et fut tué.

Les Corinthiens lui élevèrent un cénotaphe avec cette inscription :

Périandre, illustre par sa sagesse et sa puissance, repose dans le sein de sa patrie, à Corinthe, non loin des rivages de la mer.

J’ai fait sur lui les vers qui suivent :

Ne vous affligez point si l’événement trompe vos desseins. Le sage Périandre tomba dans un noir abattement et mourut de dépit pour avoir manqué le but de ses désirs.