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que compiler et transcrire des ouvrages plus anciens ; telle est, par exemple, la méthode d’Euclide, de Démocrite et de Proclinus. D’autres, comme Annius, Médius et Phébion, ont reproduit quelques idées d’une importance très-secondaire empruntées aux écrivains antérieurs, et remis sur le métier des questions déjà traitées avant eux. Phébion en particulier paraît viser beaucoup plus à l’élégance du style qu’à l’originalité de la pensée. Héliodore peut être rangé dans la même classe ; car il n’a fait que reproduire ce qu’il avait appris de ses maîtres, sans rien ajouter de son propre fonds qui pût aider à l’intelligence des doctrines.

Ceux qui ont fait œuvre d’écrivains sérieux, eu égard à la multitude des questions qu’ils ont traitées et à l’originalité de leurs idées, sont Plotin et Gentilianus Amélius. Plotin me semble avoir exposé avec plus de sagacité que tous ceux qui l’avaient précédé les principes pythagoriciens et platoniciens. Les ouvrages de Numénius, de Cronius, de Modératus et de Thrasyllus sont bien loin, pour l’exactitude et l’intelligence des doctrines, de ceux que Plotin a composés sur les mêmes questions. Amélius s’efforce de marcher sur les traces de Plotin et reproduit en général ses opinions ; mais dans la mise en œuvre il est diffus ; ses longues amplifications n’ont rien de la manière de son maître.

Ce sont là les seuls philosophes dont les écrits me paraissent mériter un examen critique : quant aux autres est-il personne qui voulût étudier leurs rapsodies de préférence aux ouvrages qu’ils ont compilés ? Ils n’ont ajouté par eux-mêmes ni un chapitre, ni même une idée nouvelle ; bien loin de là, ils ne se sont pas donné la peine de comparer les divers systèmes, de les apprécier et d’en extraire le meilleur.

Je me suis déjà livré précédemment à un travail critique de ce genre : ainsi j’ai réfuté les conclusions de Gentilianus dans son ouvrage intitulé de la Justice d’après Platon. J’ai également discuté le traité de Plotin sur les Idées ; voici à quelle occasion : Basilée[1] de Tyr, l’ami de Plotin, de Gentilianus et le mien, préférait à ma doctrine celle de Plotin, dont il avait au reste imité la manière dans un grand nombre d’écrits ; il avait entre autres composé un traité pour démontrer la supériorité de sa théorie des idées sur la mienne ; je le réfutai, et je crois avoir suffisamment démontré qu’il avait eu tort de

  1. Porphyre.