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blesse. — [Épicure dit ailleurs que les dieux ne peuvent être connus que par la raison ; ils n’ont pas de corps solide ; ce sont des espèces d’images produites par l’écoulement perpétuel de formes toujours les mêmes et semblables à l’homme.]

La mort n’est rien pour nous. Car ce qui est en dissolution est privé de sentiment, et un corps privé de sentiment n’a plus rien qui nous concerne.

Le comble du plaisir est l’absence de la douleur. Ce but une fois atteint, tout le temps que le plaisir subsiste il n’y a pour nous ni souffrance ni tristesse.

La douleur corporelle a un terme ; si la souffrance est aiguë, elle dure très-peu ; si, moins vive, elle l’emporte cependant encore sur le plaisir, quelques jours la dissipent ; quant aux longues souffrances du corps, elles sont mêlées de plus de plaisir que de douleur.

Le bonheur de la vie est inséparable de la prudence, de l’honnêteté et de la justice ; d’un autre côté, ces vertus elles-mêmes sont inséparables du bonheur. Quiconque ne possède ni la prudence, ni l’honnêteté, ni la justice, ne vit point heureux.

La puissance et la royauté ne sont pas des biens d’une manière absolue et dans l’ordre de la nature ; elles ne sont des biens qu’en tant qu’elles nous mettent à l’abri des mauvais desseins des hommes.

Beaucoup d’hommes ambitionnent la gloire et la renommée, espérant par là se faire un rempart sûr contre les attaques de leurs semblables. S’ils mènent une vie tranquille, ils ont atteint ce bien véritable que la nature nous enseigne ; mais dans le cas contraire, ils ont manqué le but en vue duquel ils aspiraient à la puissance, le bien véritable dans l’ordre de la nature.

Aucun plaisir, pris en lui-même, n’est un mal ; mais les moyens par lesquels on se procure certains plaisirs entraînent plus de maux que de jouissances.