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On peut aussi assigner différentes causes aux éclairs : soit que le choc et le frottement des nuages produisent une image enflammée d’où résulte l’éclair, soit que les vents, en heurtant les nuages, en fassent jaillir certaines substances qui donnent lieu à cette apparence lumineuse, soit que la pression mutuelle des nuages ou celle du vent contre eux en dégage l’éclair. On pourrait dire aussi que la lumière rayonnée par les astres, arrêtée quelque temps au sein des nuages, en est chassée ensuite par leur mouvement et celui des vents, et s’échappe de leurs flancs ; que l’éclair est une lumière extrêmement subtile qui s’évapore des nuages ; que les nuages qui portent le tonnerre sont des amas de feu ; que l’éclair tient au mouvement du feu, ou à l’embrasement du vent, par suite de la rapidité et de la continuité de son mouvement. On peut encore attribuer l’apparence lumineuse de l’éclair à la rupture des nuages sous l’action des vents, ou à la chute d’atomes inflammables. Enfin on trouvera aisément une foule d’autres explications si on s’attache aux faits sensibles pour rechercher les analogues qu’ils présentent avec les phénomènes célestes.

L’éclair précède le tonnerre, soit parce qu’il se produit au moment même où le vent tombe sur le nuage, tandis que le bruit ne se fait entendre qu’à l’instant où le vent a pénétré au sein de la nue ; soit que, les deux phénomènes étant simultanés, l’éclair arrive plus rapidement à nous que le bruit de la foudre, ainsi que cela se remarque, du reste, lorsqu’on aperçoit, à distance, le choc de deux objets.

La foudre peut être produite ou par une violente condensation de vents, ou par leur mouvement rapide et leur embrasement. Elle peut tenir à ce que les vents rencontrant des lieux trop denses, par suite de l’accumulation des nuages, une partie du courant se détache et se porte vers les lieux inférieurs, ou bien à ce que le feu contenu au sein des nuages se précipite en bas. On peut supposer aussi qu’une grande quantité de feu accumulée dans les nuages se dilate violemment en brisant son enveloppe, parce que la résistance du milieu l’empêche d’aller plus loin ; cet effet se produit surtout dans le voisinage des hautes montagnes ; aussi sont-elles fréquemment frappées par la foudre. Enfin, on peut donner de la foudre une foule d’autres explications ; mais on doit par-dessus tout se garder des fables, et on y parviendra aisément, si on suit fidèlement les phénomènes sensibles dans l’explication de ceux qui ne sont pas directement perçus.