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teurs. Ne sachant point reconnaître ce qui est réellement possible, ils sont tombés dans de vaines théories, en supposant qu’il n’y avait pour tous les phénomènes qu’un seul mode de production, et en rejetant toutes les autres explications fondées sur la vraisemblance. Ils se sont jetés dans des opinions déraisonnables, faute d’avoir fait marcher de front l’étude des phénomènes célestes et l’étude des faits sensibles, qui doivent servir à expliquer les premiers.

Les différences dans la longueur des nuits et des jours peuvent tenir à ce que le passage du soleil au-dessus de la terre est plus ou moins rapide, plus ou moins lent, suivant la longueur des lieux qu’il a à parcourir ; ou bien encore à ce que certains lieux sont parcourus plus rapidement que d’autres, comme cela se voit sous nos yeux dans des faits auxquels on peut assimiler les phénomènes célestes. Quant à ceux qui n’admettent sur ce point qu’un seul mode d’explication, ils se mettent en contradiction avec les faits, et ils perdent de vue les limites imposées à la science humaine.

Les pronostics qui se tirent des astres peuvent, comme ceux que nous empruntons aux animaux, tenir à une simple coïncidence ; ils peuvent aussi avoir d’autres causes, par exemple le changement de l’air ; car ces deux suppositions sont également d’accord avec les faits ; mais il est impossible de démêler dans quel cas il faut invoquer l’une ou l’autre.

Les nuages peuvent être formés soit par l’air condensé sous la pression des vents, soit par l’agencement d’atomes appropriés à cette fin, soit par des émanations de la terre et des eaux, soit enfin par d’autres causes ; car il y en a une multitude qui peuvent toutes également produire cet effet. Lorsque les nuages se heurtent ou se transforment, ils produisent la pluie.

Les vents peuvent tenir à ce que certaines substances, entretenues et renouvelées sans cesse par d’énormes amas propres à produire ces effets, sont apportées à travers les airs.

Le tonnerre peut être produit par le mouvement des vents circulant à travers les cavités des nuées ; le sifflement du vent dans des vases nous fournit un exemple à l’appui de cette conjecture. Il peut tenir aussi à la détonation du feu, lorsqu’il y a embrasement au milieu des nuages, au déchirement des nuées, au frottement et au choc de nuages qui ont acquis la consistance du cristal. En un mot, l’expérience sensible nous apprend que tous les phénomènes, et celui-là en particulier, peuvent se produire de diverses manières.