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et petits, a été séparé de l’infini par un mouvement à lui propre. D’un autre côté tous ces corps seront successivement détruits, les uns plus vite, les autres moins, ceux-ci sous l’influence de telle cause, ceux-là par l’action de telle autre.

[Il est évident d’après cela qu’il regarde les mondes comme périssables, puisqu’il admet que leurs parties se transforment. — Il dit aussi ailleurs que la terre repose suspendue sur l’air[1].]

Il ne faut pas croire que les mondes aient nécessairement une forme identique. — [Il dit en effet, dans le douzième livre sur le Monde, que les mondes diffèrent entre eux : ceux-ci sont sphériques, ceux-là elliptiques ; d’autres affectent d’autres formes[2].] — Cependant il n’y a pas des mondes de toutes les formes possibles.

Gardons-nous aussi de croire que les animaux ont été tirés de l’infini ; car il n’est personne qui puisse démontrer que les germes dont sont nés les animaux, les plantes et tous les autres objets que nous contemplons ont été apportés de l’extérieur dans tel monde donné, et que ce même monde n’aurait pas pu les produire lui-même. Cette remarque s’applique en particulier à la terre.

De plus, il faut admettre que l’expérience et la nécessité des choses vinrent souvent en aide à la nature. Le raisonnement perfectionna les données naturelles et y ajouta de nouvelles découvertes, ici plus vite, là plus lentement ; tantôt à travers des périodes de temps prises sur l’infini, tantôt dans des intervalles plus courts[3]. Ainsi, à l’origine, ce ne fut point en vertu de conventions que l’on donna les noms aux choses ; mais les hommes dont les idées, les passions variaient de nation à nation, formèrent spontanément ces noms, en émettant les sons divers produits par chaque passion, par chaque idée, suivant

  1. Je rétablis le texte des manuscrits, qui est fort intelligible : Δῆλον οὖν ὡς καὶ φθαρτούς φησι τοὺς κόσμους, μεταϐαλλόντων τῶν μερῶν. Καὶ ἐν ἄλλοις τὴν γῆν τῷ ἀέρι ἐποχεῖσθαι. C’est là une des nombreuses remarques que Diogène a semées au milieu du texte d’Épicure.
  2. Manuscrit : Ἀλλὰ καὶ διαφόρους αὐτοὺς ἐν τῇ ιβʹ περὶ αὐτοῦ φησιν· οὓς μὲν γὰρ σφαιροειδεῖς, καὶ ᾠοειδεῖς ἄλλους, καὶ ἀλλοιοσχήμονας ἑτέρους·
  3. Manuscrits de la Bibliothèque royale : Καὶ έν μέν τισι περιόδοις καὶ χρόνοις ἀπὸ τῶν ἀπὸ τοῦ ἀπειρου.