Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/547

Cette page a été validée par deux contributeurs.

souvenir d’un objet extérieur, souvent perçu antérieurement ; telle est cette idée : L’homme est un être de telle nature. En même temps que nous prononçons le mot homme, nous concevons immédiatement le type de l’homme, en vertu d’une prénotion que nous devons aux données antérieures des sens. La notion première que réveille en nous chaque mot est donc vraie ; en effet nous ne pourrions pas chercher une chose, si nous n’en avions préalablement l’idée. Pour affirmer que ce que nous voyons au loin est un cheval ou un bœuf, il faut qu’en vertu d’une prénotion nous connaissions déjà la forme du cheval et du bœuf. D’ailleurs nous n’aurions pas pu donner de noms aux choses si nous n’en avions eu une notion préalable. Ces prénotions offrent donc toute certitude.

Quant aux jugements, leur certitude tient à ce que nous les rapportons à une notion antérieure, certaine par elle-même, en vertu de laquelle nous prononçons ; par exemple, comment savons-nous que ceci est un homme ?[1] Les épicuriens donnent aussi au jugement le nom de supposition[2], et disent qu’il peut être vrai ou faux. Il est vrai si l’évidence des sens le confirme ou ne le contredit pas ; il est faux dans le cas contraire. De là vient chez eux l’expression suspension du jugement ; par exemple avant de prononcer que tel objet est une tour, il faut attendre qu’on en soit proche, et juger d’après l’impression qu’il produit de près.

Ils admettent deux espèces d’affections, communes

  1. La fin du raisonnement serait : Parce que nous avons antérieurement la notion d’homme.
  2. Pour eux un jugement, tant qu’il n’a pas été confirmé par l’évidence des sens, n’est qu’une hypothèse que l’expérience peut ou confirmer ou détruire.