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contentent de dire qu’il y a plusieurs apparences, et que c’est précisément parce que les choses apparaissent avec divers caractères qu’ils prennent pour guides les apparences.

La fin de l’homme pour les sceptiques est la suspension du jugement, laquelle est suivie de la sérénité de l’âme, comme de son ombre, suivant l’expression de Timon et d’Énésidème. En effet, nous n’avons pas à éviter ou à rechercher les choses qui dépendent de nous-mêmes ; quant à celles qui ne tiennent pas à nous, mais à la nécessité, comme la faim, la soif, la douleur, nous ne pouvons les éviter, car la raison n’a pas de prise sur elles. Les dogmatiques objectent que le sceptique ne refusera pas même de tuer son père[1], si on le lui ordonne. À cela, ils répondent qu’ils peuvent parfaitement vivre, sans s’inquiéter des spéculations des philosophes dogmatiques ; mais qu’il n’en est pas de même des choses qui ont rapport à la conduite et à la conservation de la vie. Aussi, disent-ils, nous évitons certaines choses, nous recherchons les autres, suivant en cela la coutume ; nous obéissons aux lois.

Quelques auteurs prétendent que la fin de l’homme, pour les sceptiques, est l’impassibilité ; suivant d’autres, c’est la douceur.

  1. Puisque tout lui est indifférent.