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ques, deux agents et point de patient. L’incorporel n’est pas cause de l’incorporel, par les mêmes raisons. L’incorporel n’est pas cause non plus du corps ; car rien d’incorporel ne peut produire un corps. Le corps ne peut pas davantage être cause de l’incorporel ; car dans toute production il doit y avoir une matière passive ; mais l’incorporel étant par sa nature à l’abri de toute passivité, ne peut être l’objet d’aucune production ; donc il n’y a pas de cause. D’où il résulte que les premiers principes de toutes choses n’ont aucune réalité ; car qui dit principe dit agent et cause efficiente.

Il n’y a pas non plus de mouvement, car l’objet en mouvement doit se mouvoir ou dans le lieu où il est, ou dans celui où il n’est pas. Dans le lieu où il est, c’est impossible ; dans celui où il n’est pas, même impossibilité ; donc il n’y a pas de mouvement.

Ils suppriment aussi toute science. Si quelque chose peut être enseigné, disent-ils, c’est ou l’être en tant qu’être, ou le non-être en tant que non-être ; mais l’être en tant qu’être ne s’enseigne pas ; car il est dans la nature de l’être de se manifester et de se faire connaître directement à tous ; il en est de même du non-être en tant que non-être, car le non-être n’a aucun attribut ; par conséquent il n’est pas susceptible d’être enseigné.

Il n’y a pas de production, disent-ils encore : l’être n’est pas produit ; il est ; le non-être pas davantage, puisqu’il n’a aucune réalité ; ce qui n’est pas, ce qui n’a aucune existence réelle, ne peut être produit.

Le bien et le mal n’ont pas non plus une existence absolue ; car si quelque chose est bien ou mal en soi, il doit être tel pour tout le monde, comme la neige est froide pour tous. Mais bien loin de là, il n’y a pas une