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Chassé de sa patrie, il alla vivre à Zancle, en Sicile, et à Catane. Quelques auteurs prétendent qu’il n’eut aucun maître ; d’autres le font disciple soit de Boton, d’Athènes, soit d’Archélaüs[1] ; Sotion le dit contemporain d’Anaximandre. Il a laissé des poésies épiques, des élégies et des ïambes dirigés contre Hésiode et Homère, dont il attaque la théologie. Il chantait lui-même ses vers. On dit aussi qu’il critique Thalès et Pythagore, sans excepter même Épiménide. Il vécut très-vieux, comme il l’atteste lui-même :

Soixante-sept ans se sont écoulés
Depuis que ma pensée est ballottée sur la terre de Grèce ;
Lorsque j’y vins j’en comptais vingt-cinq,
Si tant est que je puisse encore supputer mon âge avec certitude.

Suivant lui, toutes choses proviennent de quatre principes ; les mondes sont infinis et immuables. Les nuages résultent de la condensation dans l’espace des vapeurs élevées par le soleil. Dieu est une substance sphérique ; il n’a aucune ressemblance avec l’homme. Le Tout voit, le Tout entend, mais il ne respire pas. Il est en même temps toutes choses, intelligence, pensée, éternité. Xénophane a le premier proclamé que tout ce qui est engendré est périssable, et que l’âme est un souffle. Il enseignait encore que la pluralité est inférieure à l’intelligence[2]. Une de ses maximes était qu’il faut fréquenter les tyrans ou le moins possible, ou le plus agréablement qu’on peut. Empédocle lui ayant dit que le vrai sage était introuvable, il répondit : « Je le conçois, car pour discerner un sage il faut d’abord être sage soi-même. » Sotion prétend

  1. Xénophane est antérieur à Archélaüs de près d’un siècle.
  2. C’est-à-dire à l’unité.