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Je suis heureux de tout point, excepté à l’endroit de Cléanthe ; sous ce rapport je ne suis pas heureux[1].

Il obtint une telle réputation comme dialecticien, que l’on disait généralement que si les dieux avaient une dialectique, ce serait celle de Chrysippe. Mais, si fécond que fût son esprit, sa diction était défectueuse. Du reste, personne ne l’égalait pour la constance et l’assiduité au travail, comme le prouvent suffisamment ses écrits au nombre de plus de sept cent cinq. Mais cette multitude d’ouvrages tient à ce qu’il reprenait souvent la même question, écrivait tout ce qui lui venait à la pensée, se corrigeait sans cesse et bourrait ses écrits d’une foule de citations. On rapporte à ce sujet qu’il avait inséré dans un de ses ouvrages la Médée d’Euripide presque tout entière ; on demandait à quelqu’un, qui tenait le livre en main, quel était cet écrit : « la Médée de Chrysippe, » répondit-il. D’un autre côté, Apollonius, d’Athènes, voulant prouver que les écrits d’Épicure, c’est-à-dire les écrits originaux et non composés de pièces rapportées, sont mille fois plus nombreux que ceux de Chrysippe, dit mot pour mot dans la Collection des Doctrines : « Si l’on retranchait des ouvrages de Chrysippe tout ce qui n’est pas de lui, toutes les citations qu’il y a enchâssées, il ne resterait que des feuilles vides. » La vieille qui vivait avec Chrysippe assurait, au dire de Dioclès, qu’il écrivait régulièrement cinq cents lignes par jour. Hécaton prétend qu’il ne s’adonna à la philosophie que par suite de la confiscation de son patrimoine au profit du roi.

Il était petit et d’une complexion délicate, comme on le voit par la statue qu’on lui a élevée dans le Céra-

  1. Imité d’Euripide, Oreste, 533, 534.