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le voyant accablé d’années, voulus que désormais il jouit du repos chez les morts, lui qui avait si longtemps puisé l’eau pendant sa vie.




CHAPITRE VI.


SPHÉRUS.

Sphérus de Bosphore fut, comme nous l’avons dit, disciple de Cléanthe, après l’avoir été de Zénon. Déjà habile dans les lettres, il se rendit à Alexandrie, auprès de Ptolémée-Philopator. La conversation étant un jour tombée sur cette question : le sage se laisse-t-il abuser par les apparences ? Sphérus soutint la négative. Alors le roi, pour le mettre en défaut, fit apporter des grenades en cire ; Sphérus y fut trompé, et Ptolémée s’écria qu’il avait donné son assentiment à une fausse représentation. Mais lui s’en tira avec beaucoup d’à-propos en disant que son assentiment n’était pas absolu ; qu’il avait admis non pas que ce fussent des grenades, mais qu’il était vraisemblable que c’étaient des grenades ; qu’en un mot, la représentation cataleptique différait de celle qui n’est que vraisemblable. Mnésistrate l’ayant accusé de contester à Ptolémée le titre de roi, il répondit que Ptolémée était véritablement roi, mais par lui-même et par ses propres vertus[1].

Voici les titres de ses ouvrages : du Monde, II ; des Éléments ; de la Semence ; de la Fortune ; des Infini-

  1. Le sens complet serait : Ptolemée n’est pas roi parce qu’il porta la couronne, mais parce qu’il a les qualités et la sagesse d’un roi.