Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/393

Cette page a été validée par deux contributeurs.

chose, disent-ils, n’est pas plus ou moins vraie, plus ou moins fausse ; elle est vraie ou fausse absolument ; de même aussi une tromperie est égale à une autre, et toutes les fautes sont égales. » En effet, qu’on soit à cent stades de Canope, ou qu’on n’en soit qu’à un stade, on est également absent de Canope ; qu’on soit plus ou moins coupable, on est également en dehors du bien. Cependant Héraclide de Tarse, Antipater de Tarse, son ami, et Athénodore n’admettent pas cette égalité des fautes.

Chrysippe dit aussi, dans le premier livre des Vies, que le sage prend part aux affaires publiques, à moins d’empêchement, pour bannir le vice de la société et encourager la vertu. Il se marie et a des enfants, suivant Zénon dans la République. Il ne cède pas à l’opinion, c’est-à-dire qu’il ne donne son assentiment à aucune erreur. Il suit la doctrine cynique, le cynisme étant, au dire d’Apollodore dans la Morale, la route abrégée de la vertu. Il peut même, en cas de besoin, manger de la chair humaine. Il est seul libre, au lieu que les méchants sont esclaves ; car la liberté est le pouvoir d’agir d’après ses propres inspirations, et l’esclavage est la privation de ce pouvoir. Ils distinguent une autre espèce d’esclavage qui consiste dans la sujétion, et une troisième espèce, la condition de l’homme qui a été vendu et soumis à un maître ; à cet esclavage est opposée la tyrannie qui, elle aussi, est un mal. Non-seulement le sage est libre, mais il est roi ; car ce qui constitue la royauté, c’est un pouvoir indépendant, et le sage seul a ce pouvoir, suivant Chrysippe dans le traité intitulé : De la Propriété des termes employés par Zénon ; car il faut, dit-il, que le chef d’un État connaisse le bien et le mal, connaissance que ne possède aucun des méchants.