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chent ses défauts et mettent ses qualités en relief ; il ne sait pas feindre ; son langage et toute sa personne respirent la franchise.

Le sage n’a point de procès, car il évite de rien faire qui soit contraire au devoir. Il boit du vin, mais ne s’enivre pas. Il ne s’abandonne pas à la fureur ; cependant il peut arriver qu’il ait de monstrueuses imaginations sous l’influence de transports maladifs ou dans le délire ; mais c’est là une suite de la fragilité humaine, et sa volonté n’y est pour rien. Il ne s’attriste pas, au dire d’Apollodore dans la Morale, parce que la tristesse est un mouvement aveugle de l’âme. Il est divin, car il y a comme un dieu en lui. Le méchant, au contraire, est athée. (Ce mot athée est pris par les stoïciens dans deux sens différents, pour exprimer le contraire de divin, et pour dire celui qui ne croit pas aux dieux. Ils admettent que tous les méchants ne sont pas athées dans ce dernier sens.) L’homme vertueux est pieux, car il sait ce qu’on doit aux dieux, et la véritable piété consiste à savoir comment ils doivent être honorés. Il fait aux dieux des sacrifices. Il est saint, car il évite toute faute contre la divinité ; aussi est-il aimé des dieux à cause de la piété et de la justice qu’il porte dans leur service. Le sage est le seul prêtre véritable, car il a approfondi ce qui concerne les sacrifices, l’érection des temples, les purifications et tout ce qui a trait au culte divin.

Les stoïciens enseignent qu’il faut honorer premièrement les dieux, et en second lieu ses parents et ses frères ; que le sage seul ressent pour ses enfants une affection naturelle inconnue des méchants ; que toutes les fautes sont égales. Chrysippe en particulier soutient cette dernière opinion au quatrième livre des Recherches morales, ainsi que Persée et Zénon. « Une