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dres accidentels, comme le rhume, la diarrhée ; il en est de même de l’âme ; il se produit en elle des penchants particuliers, l’inclination à l’en vie, la compassion, l’amour de la dispute et d’autres tendances semblables.

Parmi les principes affectifs de l’âme, il en est trois qu’ils déclarent bons : la joie, la circonspection et la volonté. La joie est opposée à la volupté ; elle est un élan rationnel de l’âme ; la circonspection est opposée à la crainte : c’est une défiance fondée en raison ; ainsi le sage ne craint pas, mais il est circonspect. La volonté est opposée au désir en ce qu’elle est réglée par la raison. De même que les passions premières en comprennent plusieurs autres, de même aussi, sous ces trois affections premières, se placent des tendances secondaires : ainsi à la volonté se rapportent la bienveillance, la quiétude, la civilité, l’amitié ; à la circonspection, la modestie et la pureté ; à la joie, le contentement, la gaieté, la bonne humeur.

Le sage est sans passions, parce qu’il est impeccable ; mais cette impassibilité est bien différente de celle du méchant, qui n’est que dureté et insensibilité. Le sage n’est pas orgueilleux, parce qu’il est également indifférent à l’estime et au mépris ; cependant on peut aussi se mettre au-dessus de l’orgueil par dépravation et perversité. Tous les hommes vertueux sont austères, en ce sens que dans leurs discours ils n’ont jamais en vue le plaisir, et repoussent ce qui, chez les autres, présente ce caractère ; mais il y a une autre espèce de gens austères, assez semblables à ces vins sûrs que l’on emploie comme médicaments, mais que l’on ne donne pas à boire. Le sage est plein de franchise ; il se garde bien de paraître meilleur qu’il n’est en effet au moyen d’adroits déguisements qui ca-