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vie sur la nature, entend par là la nature universelle et la nature humaine en particulier. Mais Cléanthe entend seulement qu’on doit régler sa vie sur la nature universelle, et non sur telle nature particulière.

La vertu, disent encore les stoïciens, est une disposition constante et toujours harmonique ; on doit la rechercher pour elle-même, sans y être déterminé par la crainte, par l’espérance ou par quelque motif extérieur. En elle est le bonheur, car c’est elle qui produit dans l’âme l’harmonie d’une vie toujours d’accord avec elle-même. Que si l’animal raisonnable fait fausse route, c’est qu’il se laisse égarer soit par les vaines apparences des choses extérieures, soit par les leçons de ceux qui l’entourent ; car la nature ne nous suggère que de bonnes inspirations.

Le mot vertu a divers sens : il exprime en général la perfection d’un objet, celle d’une statue par exemple ; il s’applique aussi tantôt à une chose non spéculative, comme la santé ; tantôt à une connaissance spéculative, la prudence. Hécaton dit à ce sujet, dans le premier livre du traité des Vertus, que les vertus scientifiques et spéculatives sont celles qui procèdent de l’observation et de l’étude, comme la prudence et la justice ; et que les vertus non spéculatives, comme la santé et la force, ne sont qu’un résultat pratique des premières, une conséquence des vertus spéculatives ; qu’ainsi, lorsque la spéculation nous a mis en possession de la prudence, la santé s’y joint comme conséquence et complément, de la même manière que de la construction d’une voûte résulte la solidité. On appelle ces dernières vertus non spéculatives, parce qu’elles ne procèdent pas d’un acquiescement réfléchi de l’intelligence ; qu’elles sont dérivées, accessoires et se rencontrent même chez les méchants : ainsi la