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diriger vers sa fin propre, chez lui les penchants sont gouvernés par la nature. Quant aux êtres intelligents auxquels la nature plus bienveillante a départi la raison, pour eux vivre bien, vivre selon la raison, c’est encore vivre selon la nature ; car la raison en eux est l’artiste chargé de diriger les penchants[1]. C’est pour cela que Zénon dit dans le traité de la Nature humaine qu’on doit se proposer pour fin de vivre conformément à la nature, ce qui revient à dire d’après les lois de la vertu ; car la vertu est le but où nous pousse la nature. Cléanthe s’exprime de même dans le traité du Plaisir, ainsi que Posidonius et Hécaton dans leurs traités des Fins. Chrysippe dit aussi, dans le premier livre des Fins, qu’il n’y a pas de différence entre vivre conformément à la vertu et vivre d’après l’expérience du gouvernement de la nature ; car notre nature à nous est une partie de la nature universelle. La fin de l’homme est donc de régler sa conduite sur la nature, c’est-à-dire sur sa nature propre et sur la nature universelle ; il doit s’abstenir de tout ce qu’interdit la loi commune, qui n’est autre chose que la droite raison répandue dans tout l’univers, c’est-à-dire Jupiter lui-même, le chef, le gouverneur de tous les êtres. Ils ajoutent que la vertu, source du bonheur, celle qui fait couler doucement la vie, consiste à mettre dans toutes ses actions une harmonie parfaite entre sa volonté propre et celle du gouverneur de l’univers. Diogène dit formellement que la fin de l’homme est de suivre toujours la raison dans le choix des actes conformes à la nature, et Archédémus, qu’elle consiste à vivre dans la pratique de tous les devoirs. Chrysippe, lorsqu’il dit qu’il faut régler sa

  1. Il faut sous-entendre : « conformément aux lois de la nature. »