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Vient ensuite celui qui approfondit tout par lui-même[1].

En effet, il prétendait qu’il vaut mieux savoir écouter de bonnes leçons et en profiter que de devoir tout à ses propres réflexions, parce que, dans le dernier cas, on ne fait preuve que d’intelligence, et qu’en se montrant docile aux leçons d’un autre, on joint la pratique à l’intelligence.

On lui demandait pourquoi, grave comme il était, il s’égayait dans un repas : « Les lupins sont amers, dit-il, et cependant ils s’adoucissent dans l’eau. » Hécaton rapporte également au second livre des Chries qu’il se relâchait de sa gravité dans ces sortes de réunions. Il disait que mieux vaut pécher par les pieds que par la langue. « Le bien, disait-il encore, se fait peu à peu, et cependant ce n’est pas peu de chose ; » pensée que d’autres attribuent à Socrate. Il était aussi sobre que simple dans ses goûts ; jamais il ne mangeait de choses cuites ; un manteau léger était son seul vêtement ; c’est ce qui a fait dire de lui :

Ni les rigueurs de l’hiver, ni les pluies continuelles, ni l’ardeur du soleil, ni les souffrances de la maladie ne purent le vaincre ; indifférent aux fêtes qui charment la multitude[2], il poursuivait nuit et jour ses profondes études.

Les comiques n’ont pas vu que leurs sarcasmes tournaient à sa louange ; voici par exemple ce que dit Philémon dans le drame intitulé les Philosophes :

Il prêche une philosophie d’un nouveau genre : il enseigne à

  1. Hésiode avait dit : « Celui-là est le meilleur qui approfondit tout par lui-même ; vient ensuite celui qui se laisse guider par les sages leçons d’un maître. »
  2. Je suis la leçon d’un ancien manuscrit : οὐκ ἔροτις δήμου ἐναρίθμενος.