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quefois payer de ceux qui venaient l’entendre, dans le but d’écarter la multitude. Un jour qu’il était assiégé par les auditeurs, il leur montra à l’extrémité du portique la balustrade de bois d’un autel, et leur dit : « Cette balustrade était autrefois au milieu ; on l’a mise dans un coin parce qu’elle gênait ; vous aussi, retirez-vous du milieu, vous me gênerez moins. » Démocharès, fils de Lachés, vint un jour le saluer, et lui dit que s’il avait besoin de quelque chose, il se chargeait de le dire et de l’écrire lui-même à Antigone, persuade que ce prince s’empresserait de l’obliger : à partir de ce moment, Zénon rompit tout commerce avec lui.

On dit qu’a la mort de Zénon, Antigone s’écria : « Quel spectacle j’ai perdu ! » et qu’il députa Thrason aux Athéniens pour les prier de lui élever un tombeau sur le Céramique. Quelqu’un lui ayant demandé pourquoi il admirait tant Zénon, il répondit : « Je lui ai donné souvent et beaucoup, et je ne l’ai jamais vu ni orgueilleux ni rampant. »

Il était observateur infatigable et approfondissait toutes choses ; aussi Timon dit-il de lui dans les Silles :

J’ai vu dans une fastueuse obscurité une vieille Phénicienne goulue et avide de tout ; elle avait un petit panier percé qui ne gardait rien, et de l’esprit un peu moins qu’un violon.

Zénon étudiait et discutait fréquemment avec Philon le dialecticien, et comme Philon était son aîné, il avait pour lui autant de vénération que pour Diodore son maître. Il admettait dans son auditoire jusqu’à des gens sales et demi-nus, comme le lui reproche encore Timon :